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paganisme épicurien ; Muret dans ses harangues invoquait les dieux immortels ; Bembo transformait en pères conscrits les membres du sacré collége ; et peu s’en fallait que Sannazar ne fît parler la Vierge Marie comme Virgile avait fait parler Junon. Après l’Arioste vient le Berni, qui ne sourit plus avec mollesse, mais qui rit comme un satyre et qui sait (chose étrange !) conserver la pureté de la forme littéraire dans la burlesque audace de ses inventions.

Toute cette corruption demi-païenne, témoignage d’une puissance à la fois énergique et dépravée, eut pour corollaire la froide immoralité de Machiavel. Il prêcha le succès, en fit l’apothéose et en donna les règles. La sagacité inexorable de cet homme sans entrailles créa pour son usage un style de fer ; il l’a employé non-seulement dans ses discours politiques, mais dans une belle comédie, peinture franche et nue de la licence contemporaine. Quant aux autres dramaturges, l’imitation de l’antiquité les envahit et les perd ; le Trissin ne sait donner à Melpomène qu’une