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et qui suit sa voie naturelle ; elle passe de la rêverie platonique à l’ironie gracieuse, de l’étude de l’antiquité au paganisme des arts. Assis à leurs tables splendides, les poètes rient des vertus féroces que le Septentrion admire chez ses guerriers ; la chevalerie, honorée et divinisée par le Nord, est en butte aux railleries du Midi. La strophe rapide du Pulci reproduit mille fois ce long éclat de rire qui retentit de Venise au pied des Alpes et se moque des héroïques exploits. L’Arioste, magicien de l’épopée, s’empare du même thème et continue le sarcasme dont Pulci et Boïardo avaient donné l’exemple ; sarcasme presque innocent et tout aimable, tant il y a de grâce enfantine, de mobilité d’imagination, d’étourderie féminine, d’ingénieuse invention dans son délicieux ouvrage ! Il suit à la piste et en riant le colosse de la féodalité chevaleresque ; parodiant ses gestes, dénouant son armure, riant de ses élans passionnés ; prêchant toujours la volupté, la grâce, le bien-être et une aimable philosophie qui ne dédaigne pas les jouissances physiques. L’Italie, à cette époque triomphale des arts, était revenue à une espèce de