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Mariana, Garcilasso. N’oublions pas ce triomphe du drame espagnol, qui donna le ton et ouvrit la voie à tous les théâtres modernes ; drame qui ne doit rien aux anciens, qui n’a pas d’autres sources que le goût des aventures héroïques, l’amour des choses extraordinaires, le dévouement et l’honneur. Les ébauches nombreuses et légères de Lope de Vega, les beautés plus mâles contenues dans les pièces de Cervantès, mais surtout les œuvres de Calderon, toutes palpitantes de violence amoureuse et d’inexorable fanatisme, ont une grandeur et une force spéciales qui ne se rapprochent ni de Shakspeare ni d’Eschyle. Corneille, on l’a dit avec justesse, est un Espagnol-Romain.

La puissance lyrique et dramatique déployée par ce peuple ne l’empêche pas d’apercevoir la vie humaine sous son aspect comique ; mais l’héroïsme lui inspire trop de vénération pour qu’elle le parodie comme l’ont fait les Italiens. Au lieu de conter burlesquement l’histoire des héros, à la manière de Pulci, l’Espagne se mit à dire sérieu-