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vence ont produit, elle crée ce magnifique poème du Cid, où l’inspiration gothique respire, aussi pure, aussi franche, aussi barbare que l’inspiration teutonique dans Nibelungen. Le style est simple, la couleur puissante, la sensibilité profonde ; il ne faut au poète qu’un trait énergique pour tout indiquer.

Le développement de l’intelligence espagnole s’opère constamment dans la même voie ; rien ne le corrompt, rien ne le détourne. Il ne s’allie au génie arabe que pour augmenter l’intensité spéciale de sa nature propre ; il crée la romance chevaleresque et perfectionne le roman d’aventures qui semble être éclos en France. Une lueur pastorale et idyllique se joint aux élans de la passion, de la dévotion, de la gloire. Chants, chroniques, églogues, poèmes, drames, tout ce que l’Espagne produit jusqu’au règne de Charles-Quint n’appartient qu’à elle seule, émane de sa nationalité ; elle est grande tant qu’elle sait s’abstenir de tout contact. Originalité ardente, verve spontanée, fécondité admirable : il suffit de citer Cervantès,