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Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/314

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de notre esprit railleur, la moralité pratique de notre nation éclatent de bonne heure dans les fabliaux du trouvère picard et normand, qui, pendant quatre ou cinq siècles, ont couru l’Europe, défrayé les théâtres, inspiré les artistes, amusé les habitants des chaumières et des châteaux. Vous voyez cette ironie irrésistible circuler à travers toute l’Europe, s’insinuer dans les récits de Boccace, reparaître dans les essais de l’Anglais Chaucer, pénétrer même l’Espagne hautaine et l’Allemagne guerrière, et commencer, chez les peuples nos voisins, l’éducation de la philosophie sociale.

Pendant longtemps l’art de raconter naïvement et gaîment fut la principale gloire littéraire de la France ; talent qui se développe à la fois chez nos admirables chroniqueurs et chez ceux de nos poètes qui ont chanté, du douzième au quatorzième siècle, les exploits de la chevalerie. En France l’allégorie elle-même prend la forme d’un récit piquant. Le mystère ou le drame catholique, si ardent et si enthousiaste chez les Espagnols, de-