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vient pour nous une moralité populaire. Le Roman de la Rose, espèce d’encyclopédie symbolique, remplie de détails ingénieux, n’a de valeur que par cette ironie spirituelle et cette verve gausseuse qui ne détruit pas toujours la grâce et la naïveté. L’héritier direct des anciens trouvères, Villon, abaisse jusqu’à la bouffonnerie ce caractère bourgeois et goguenard, dont il pousse très loin l’énergie et la vivacité. Le même héritage, recueilli par Marot, s’empreint chez lui d’élégance italienne, de gentillesse aimable et d’une finesse qui annonce la naissance de l’esprit de cour. Rabelais, plus puissant et plus grossier, Titan de la plaisanterie ; esprit mâle, mais dénué de grâce et de passion, créateur dans son genre, incapable de tendresse et de sensibilité, doué d’un bon sens brutal, servi par une invention féconde et par une grande variété de style ; a conquis l’admiration des intelligences les plus hautes, qu’il a forcées d’apprécier la grandeur triviale et le luxe grossier de son œuvre. Ainsi, la veine satirique, déjà si apparente chez nos trouvères,