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culture de la pomme de terre industrielle et fourragère.

élevées que la matière est principalement appelée dans ce cas.

Mais ces tiges ont un autre rôle à jouer encore elles doivent servir au transport des matériaux destinés à l’accroissement des tubercules ; parmi ces matériaux, il en est dont la présence attire aussitôt l’attention ce sont, d’un côté, un sucre réducteur, d’un autre, le saccharose.

Chose remarquable d’ailleurs, deux fois le sucre réducteurs fait défaut à l’analyse, tandis qu’aux quatre récoltes le saccharose figure parmi les produits solubles qui cheminent à travers la tige, comme si la présence du premier était moins nécessaire au développement végétal que la présence du second.

Des quantités de saccharose que la tige contient aux diverses récoltes, on ne saurait, il est vrai, tirer aucune conclusion quant à son importance au point de vue de l’accroissement du végétal ; mais le fait seul de sa présence constante dans la tige en activité suffit à donner un certain poids à l’hypothèse que j’ai précédemment émise, de la formation dans le tissu des feuilles d’un sucre invertible, le saccharose très probablement, qui, du laboratoire où il a pris naissance, descendrait à travers les tiges pour, dans les tubercules, s’invertir et donner naissance à des sucres réducteurs utilisés en partie pour la formation de la fécule, en partie pour la formation du tissu cellulaire, en partie pour la respiration de ces tubercules mêmes.

A l’appui de cette hypothèse, il est une observation encore que je ne dois pas négliger. Les sucres réducteurs logés dans les feuilles et ceux logés dans les tiges ont des pouvoirs rotatoires de sens différent ; convenablement déféqué, le jus des feuilles dévie à gauche le plan de polarisation, le jus des tiges le dévie à droite. Dans le premier cas, c’est du sucre inverti (lévulose et glucose) qui masque le pouvoir droit du saccharose ; dans le second, le lévulose a disparu sans doute et c’est le glucose seul qui ajoute son pouvoir droit au pouvoir de même sens du saccharose.

Les déviations constatées, dans l’un et l’autre cas, étaient trop petites pour que j’aie pu y trouver les éléments d’un dosage ; mais le sens en était si nettement prononcé qu’aucune hésitation sur la différence des sucres réducteurs contenus dans les feuilles et dans les tiges n’est possible.