Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/134

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nuit précédente. Au centre, on ébrancha deux jeunes sapins proches l’un de l’autre, on les lia par leurs cimes de façon à ce qu’ils formassent la charpente d’un wigwam ; ensuite ils furent couverts de branches, de feuilles, de fougères et de mousses ; ainsi arrangée cette tente offrait à Manonie un abri chaud et confortable.

Ce ne fut pas sans une curiosité inquiète que la jeune femme suivit de l’œil tous ces préparatifs. Mais elle ne s’en approcha pas ; assise sur une roche élevée d’où sa vue pouvait dominer la plaine, elle regardait avec tristesse ce désert dont les limites allaient se confondre avec l’horizon, et qui dormait du sommeil profond de la solitude. À tout instant elle espérait voir surgir de quelque ravin une troupe armée ; elle tendait l’oreille au moindre bruit, pensant que le pas des chevaux se ferait entendre sur les cailloux roulants de la montagne…

Vain espoir ! efforts inutiles ! Les torrents lointains faisaient seuls entendre leurs sourds grondements ; les cimes d’arbustes seules, ondoyant au vent, apparaissaient seules entre les interstices des rochers noirs ; et si quelque pas furtif troublait le morne silence, c’était celui du loup