Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/135

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des prairies en route pour chercher pâture.

Au moment où elle s’y attendait le moins, Wontum vint la trouver et s’assit à côté d’elle sur le gazon. Il la regarda longtemps avec une fixité étrange ; son visage avait une expression indéfinissable dont Manonie ne put s’expliquer la signification.

Enfin il lui adressa la parole en langage Pawnie entrecoupé de mauvais anglais :

Cœur-de-Panthère a voulu me tuer cette nuit !

Manonie tressaillit ; elle était bien loin de se douter que le Sauvage soupçonnât seulement ses pensées de la nuit précédente. Il ne l’avait assurément pas vue levant le couteau sur lui, le tenant suspendu sur sa poitrine, le replaçant ensuite à sa ceinture sans avoir frappé. Wontum dormait, rêvait même à cet instant ; comment donc avait-il pu surprendre le secret que Manonie et l’ombre seules connaissaient ?

Une vive rougeur monta aux joues de la jeune femme à cette question inattendue : c’était pour l’Indien une réponse suffisante.

— Pourquoi voulez-vous tuer Wontum ? demanda-t-il.