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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

quelle bien des chevaux se comportent au milieu des batailles. On en a vu brouter l’herbe tranquillement pendant les plus longues et chaudes canonnades, sans avoir l’air seulement de prendre garde aux boulets ou aux volées de mitraille qui passaient en sifflant autour d’eux. Il est même arrivé que des chevaux aient été blessés sans qu’aucun mouvement dénonçât leur souffrance ; le cavalier ne s’en apercevait que lorsque la pauvre bête tombait morte.

Un fait de ce genre s’est passé, dans la dernière guerre, à Gettysburg : le cheval d’une batterie fut atteint à l’épaule par une balle Minié ; le projectile lui laboura le flanc sur une longueur d’au moins soixante centimètres, et y resta profondément enterré. Pendant tout le temps que cette batterie fut engagée, le brave cheval se tint immobile ; pas un frisson, pas un mouvement ne vint trahir l’atroce douleur qu’il devait éprouver. Ce ne fut qu’après la bataille, et lorsque la batterie fut hors d’engagement, que l’on s’aperçut de sa blessure et que l’on songea à faire un pansage dont le pauvre animal se montra fort reconnaissant. Depuis lors il garda un souvenir intelligent des batailles, et toujours on le vit