Page:Aimard, Auriac - Jim l’Indien.djvu/12

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— Vous avez donc conservé vos vieilles amours pour les sauvages ?

— Parfaitement. Ils ont toujours fait mon admiration, depuis le premier jour où, dans mon enfance, j’ai dévoré les intéressantes légendes de Bas-de-Cuir : j’ai toujours eu soif de les voir face à face, dans leur solitude native, au milieu des calmes montagnes où la nature est sereine, dans leur pureté de race primitive, exempte du contact des Blancs.

— Oh ciel ! quel enthousiasme ! vous ne manquerez pas d’occasions, soyez-en sûr ; vous pourrez rassasier votre « soif » d’hommes Rouges ! seulement, permettez-moi de vous dire que ces poétiques visions s’évanouiront plus promptement que l’écume de ces eaux bouillonnantes.

L’artiste secoua la tête avec un sourire :

— Ce sont des sentiments trop profondément enracinés pour disparaître aussi soudainement. Je vous accorde que, parmi ces gens-là, il peut y avoir des gredins et des vagabonds mais n’en trouve-t-on pas chez les peuples civilisés ? Je maintiens et je maintiendrai que, comme race, les Indiens ont l’âme haute, noble, chevaleresque ; ils nous sont même supérieurs à ce point de vue.