souffle contre mes oreilles… je ne l’entends pas, répondit froidement Osse’o sans même regarder le sauvage.
Ce dernier, placé derrière Cœur-Droit, n’avait qu’à lever la main pour lui fendre la tête, ou le précipiter dans un abîme. Frémissant de fureur et outré du dédaigneux antagonisme que lui opposait Cœur-Droit, il ne put se contenir : son bras bronzé se leva menaçant… L’œil vigilant d’Osse’o saisit ce mouvement, il se retourna sans paraître avoir compris le projet de son ennemi, et lui dit d’une voix calme :
— Est-ce que mon frère aperçoit quelque chose… il montre la prairie de la main.
— Je vois le buffle et le daim qui fuient devant le Manitou du feu.
— C’est vrai : et derrière la fumée qui tourbillonne, serpente la colonne des visages pâles. Leurs bestiaux sont nombreux, car ils en ont laissé en arrière.
— Les hommes blancs sont comme les vautours ; ils dévastent la terre des hommes rouges ; ils ne laissent après eux ni pâturages, ni gibier.