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l’aigle-noir des dacotahs

gue et l’effroi, ils auraient pu voir une ombre, silencieuse, courbée vers la terre, marchant sur leurs traces avec la tenace sagacité du chien de chasse sur la piste du gibier.

L’ombre, couronnée d’une longue chevelure noire qui fouettait l’air, et dont les yeux lançaient aux éclairs des reflets sauvages, l’ombre arriva sans bruit au lieu de leur repos, et, avec ses mains froides comme des mains de spectres, tâta les corps étendus des dormeurs, sans les éveiller par ce contact insaisissable : on eût dit la mort triant et cherchant sa victime.

Quand elle eût passé en revue tous les guerriers, l’ombre arriva à Aigle-Noir ; un frémissement de satisfaction la fit tressaillir ; ses doigts froids et tremblants visitèrent en détail les vêtements et les armes du chef. Puis l’ombre se releva tenant élevé un large couteau qui brillait aux éclairs.

Le chef dormait présentant à découvert sa large poitrine bronzée : l’arme meurtrière s’abaissa sur lui…

— Non ! non ! non ! murmura la triste Waupee