Heureusement le lac était calme, du moins comparativement. Les eaux des grands lacs, n’étant pas salées, sont plus légères que celles de l’Océan et s’agitent au moindre souffle de vent : rarement leur surface est unie comme une glace. Ceux qui ont passé leur vie sur les bords de l’Érié ne l’ont jamais vu parfaitement calme.
Basil arrêta sa barque à une certaine distance, et, soulevant les avirons, il écouta silencieusement. Aucun bruit ne parvenait à ses oreilles si ce n’était la grande voix murmurante du lac. Il tourna ses regards de tous côtés, et avec ses yeux d’aigle chercha à sonder l’obscurité : il ne put rien voir, tout était noir comme le chaos.
Au bout de quelques secondes un murmure aigu, ressemblant à un cri d’oiseau, vint expirer à son oreille.
— Ce n’est pas un oiseau, grommela-t-il tout bas ; et ça vient du rivage : c’est le gros garçon de là-bas qui donne un signal. Il ne m’était pas destiné, mais j’en ferai tout de même mon profit.
Plusieurs minutes s’écoulèrent ; le même cri fut répété. Basil sourit paisiblement lorsque son dernier murmure fut éteint.