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les drames du nouveau-monde

— Il s’imagine qu’ils ne l’ont pas bien entendu la première fois, reprit-il en se parlant intérieurement ; et il tient à leur faire savoir que le fort Presqu’Île a démêlé leurs diableries. Voilà sa conversation finie maintenant. Je suis fâché qu’il m’ait aperçu ; sans cela je leur serais tombé dessus à l’improviste ; et, pour le moment, les voilà sur leurs gardes.

Veghte ne s’était pas trompé ; tout rentra dans le plus profond silence, les deux signaux avaient suffi pour mettre au courant de la situation les correspondants invisibles du « gros garçon ».

Evidemment, ce silence exagéré renfermait les plus scélérats mystères ; le Forestier, accroupi au fond de son léger esquif, le fusil à ses pieds, l’aviron sur ses genoux, immobile comme une statue de bronze, attentif, épiant même un souffle ou une ombre ; le Forestier se méfiait, tenant l’oreille, l’œil et les bras prêts.

Cette anxieuse attente dura près d’une demi-heure. Tout à coup un frémissement se produisit sur l’eau, et une lueur furtive apparut comme un éclair, à très peu de distance derrière Veghte. Il en conclut qu’il avait dépassé le but de ses recher-