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les drames du nouveau-monde



rais beau aller vite, crac ! un coup de doigt ! et voilà l’accident arrivé ; on repêcherait le pauvre Basil tout déconfit. Mais voyez donc l’animal ! il ne me quitte pas des yeux ; on dirait qu’il lit dans ma pensée.

Veghte s’ensevelit cauteleusement dans une immobilité de chat endormi et observa ses gardiens tout aussi attentivement qu’ils l’observaient eux-mêmes.

— S’ils pouvaient détourner un instant la tête, se disait-il ; quand ce ne serait que pour éternuer ! Bzt ! comme je serais vite dans l’eau !

Une grande heure s’écoula dans cette silencieuse lutte de perspicacité. Le Français ne cligna pas de l’œil ; pas un muscle de son visage bronzé ne trahit la lassitude : il ne détourna pas une seule fois son regard perçant de dessus le prisonnier.

Veghte espérait qu’à un moment donné les deux rameurs changeraient de côté pour varier un peu leur long travail, et qu’alors se présenterait à lui l’occasion favorable de disparaître comme l’éclair.

Personne ne bougea, les avirons continuèrent