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les forestiers du michigan



et prêtant fiévreusement l’oreille au moindre bruit.

Ses appréhensions ne tardèrent pas à être justifiées : à peine avait-il fait un demi-mille qu’il entendit un bruit d’avirons. Il fit halte sur le champ, et au bout d’une seconde, il vit passer un grand canot plein de monde. Le Forestier recula en silence, courbé dans sa petite barque de manière à être aussi invisible que possible ; heureusement ses mortels ennemis passèrent sans le voir et disparurent dans l’ombre.

Basil respira et reprit sa course à force de bras : mais le trajet était plus long qu’il ne l’avait pensé. Au bout d’un certain temps il fut obligé de se reposer. Pendant cette halte, ses regards, toujours occupés à sonder l’espace, aperçurent vers l’orient une teinte pourprée semblable à l’aurore ; au bout de quelques minutes la lune se montra, pâle et voilée il est vrai, mais répandant assez de clarté dans l’atmosphère, pour que son apparition fût dangereuse et inopportune à tous les points de vue.

Tout-à-coup Basil fut tiré de sa rêverie par un nouveau bruit de rames : à cette alerte un frisson