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les drames du nouveau-monde



d’alarme le traversa ; évidemment ses premiers adversaires l’avaient découvert. Avec ce clair de lune intempestif il devenait impossible de se cacher dans l’obscurité ; le moindre objet apparaissait sur les eaux du lac comme une tache sur un miroir.

Quoiqu’il pût arriver, le Forestier se tenait prêt ; mais, à son grand étonnement, le bruit des avirons cessa. Bientôt il put distinguer dans le creux des vagues un tout petit canot qui, évidemment, n’avait rien de commun avec la grande embarcation : mais qui était-il, ami ou ennemi ?

Les deux barques restèrent immobiles, s’observant réciproquement : Cette situation ne pouvait durer longtemps ; Veghte se remit à jouer doucement de l’aviron, épiant toujours l’apparition suspecte.

— Voilà une affaire que j’appelle curieuse, murmura-t-il, en cadençant ses mouvements de façon à ne pas même rider la face de l’eau : Il y a quelqu’un dans cette coquille de noix, je vois sa tête. Nous nous épions mutuellement, c’est certain. Si c’est un ennemi, qu’il m’aborde donc ce sera bientôt réglé. Si c’est un ami ou un indif-