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les drames du nouveau-monde

« J’avisai une superbe branche bien enflammée ; pour aviver encore son incandescence, je la fis tournoyer pendant quelques secondes autour de ma tête, et je me jetai sur l’animal en poussant un grand cri.

« Probablement j’aurais réussi à ravoir mon fusil si je n’avais pas fait une fâcheuse glissade. Le talon me tourna si malheureusement que je tombai, et le tison sauta loin de moi.

« Je ne fus pas long à me relever mais toute mon agilité ne me procura d’autre profit que de n’avoir pas été mis en pièces par les griffes de cette brute obstinée.

« Pendant ce temps, mon feu baissait il n’en avait pas pour longtemps à s’éteindre. Ça me contrariait, car il n’allait pas faire bon, sans foyer, par une nuit aussi froide ; impossible de faire du bois, l’autre me guettait.

« Vlan ! je prends mon élan, je saute en l’air et me voilà sur l’arbre ! Avant de gagner la cime, je donne un coup d’œil en bas, pour savoir ce que faisait mon compagnon.

« Il paraît que j’avais fait mon ascension au moment où il ne me regardait pas, car je l’aper-