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les forestiers du michigan

— C’est tout différent ! Si quelqu’un vient nous demander l’hospitalité, nous le recevrons, nous lui donnerons part au foyer, part à la pipe ; mais si ce quelqu’un est à un quart de mille, en quoi çà peut-il nous concerner ?

– Nous devons lui porter secours.

– Vous le pouvez si çà vous convient moi, non ! c’est réglé !

— Si, pourtant, il y avait par là quelque pauvre malheureux, massacré par les Peaux-Rouges, et laissé mourant sous la neige ?…

— Il subira son sort, si ses forces ne peuvent le soutenir jusqu’au jour ! Basil, avez-vous perdu le sens commun ? Voyez quelle furie nouvelle a la neige ! Et vous voudriez quitter ce bon feu alors que vous n’y verriez pas à mettre un pied devant l’autre ! Quelle obligation trouvez-vous donc à courir le risque certain de vous perdre pour secourir je ne sais qui, sans savoir même si vous pourrez lui être utile ?

— Je ne regarde pas tout ça ; je ne me perds pas si facilement. J’ai trop couru les bois pour ne point savoir retrouver le campement à mon retour.