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LES PIEDS FOURCHUS

aussitôt disparu, plus éphémère qu’une étincelle.

— Qu’est-ce donc encore ? s’écria la tante Sarah, voyez ce que vous avez fait, petits fléaux ! Voyez ! affreux polissons ! voyez ! race endiablée ! les figures de Master-Burleigh sont toutes éclaboussées, et son ardoise est perdue !

Le jeune homme releva la tête, sans faire attention aux ruines éparses du « bonhomme de neige » ; ses grands yeux expressif se fixèrent sur la jeune femme avec inquiétude : celle-ci répondit par un sourire, et regarda la porte entr’ouverte comme si elle se fût attendue à voir entrer quelqu’un.

— N’y pensons plus, Tante Sarah, dit-il d’une voix basse et douce, en rejetant en arrière sa belle chevelure noire, d’un mouvement de tête ; la pauvre ardoise avait vu de meilleurs jours avant d’arriver en ma possession.

— Ton père s’en était servi longtemps, hein ? demanda l’Oncle Jérémiah.

— Oui ; et… et… il se servait aussi du vieux Pike, murmura le jeune homme d’une voix émue en détournant son visage de la lumière.

Le « Squire » hocha la tête en signe d’assentiment ; la Tante Sarah poursuivit :