Aller au contenu

Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

20
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

de sa vaste personne, sa longue et ample chemise : puis, il déboucla ses jarretières. Alors, douillettement étendu sur son siége, il promena lentement autour de lui ses yeux bleus-clairs, enfin il les fixa sur la jeune femme d’une façon significative, comme s’il y avait eu un moyen mystérieux de correspondance entre eux. Elle rougit faiblement et regarda Burleigh par-dessus son rouet ; mais en rencontrant ses yeux, elle détourna ses regards avec une sorte de tressaillement, comme si elle eût été mécontente d’elle-même.

— Encore ! les voilà encore ! s’écria la Tante Sarah, personne n’ira donc pas voir ce qu’ils font ? Lucy, mon enfant, voulez-vous ?… avant qu’ils mettent la maison sans dessus dessous.

Lucy se leva en sursaut, et renversant une lourde chaise, courut à la porte d’entrée, suivie du Brigadier qui marchait les mains sur les hanches, par rapport à ses rhumatismes, disait-il, et qui la poursuivait de son œil malin.

Il était facile de deviner à ses lèvres plissées, à l’allure tourmentée de son chapeau écrasé d’un coup de poing sur l’oreille, que l’Oncle Jerry ne détestait pas le bruit, et ne partait en guerre que pour la forme, c’est-à-dire pour apaiser la