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LES PIEDS FOURCHUS

Tout-à-coup un tumulte extraordinaire s’éleva dans l’escalier, des cris et des trépignements troublèrent la conversation ; un bruit semblable se fit entendre dans les chambres de l’étage supérieur ; enfin le même tapage se reproduisit dans le cellier, puis dans le grenier à fourrages.

Le Brigadier échangea un regard avec sa femme, le maître d’école avec la jeune femme, mais personne ne bougea.

— Femme, va donc voir ce qu’ils font encore, dit le Brigadier.

— Que n’y vas-tu toi-même ? Après tout, ce ne sont pas mes enfants ; ils me rendent la vie malheureuse ! Je le déclare, quelquefois je ne sais si je marche sur mes pieds ou sur ma tête.

— On s’y fait avec le temps, femme.

— Oh ! jamais, jamais ! Je pense qu’ils sont écervelés !

— Pooh ! Pooh ! fit le Brigadier en se renversant sur son fauteuil avec un rire caverneux plus semblable au glouglou d’une énorme bouteille qu’à la voix humaine.

Quand il eut donné cours à son hilarité, il trouva bon de commencer ses préparatifs pour se mettre au lit, et déboutonnant son pantalon étala autour