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LES PIEDS FOURCHUS

Le maître d’école paraissait endormi, ou absorbé dans des calculs métaphysiques ; son vieux livre, le vieux Pike, tout effeuillé, était resté ouvert devant lui sans qu’une page eût été tournée depuis la partie d’échecs.

— Oh ! ne demande rien à celui-là, dit l’Oncle Jerry répondant pour Burleigh à sa femme ; il ne sait pas ce qu’on dit autour de lui, on croirait que le tonnerre est tombé sur sa tête.

Le jeune homme sourit d’un air distrait ; mais il était facile de voir qu’il n’avait nullement compris les paroles du brigadier.

Pendant ce temps, Luther s’était débarrassé de sa défroque neigeuse, et s’était installé près d’un feu rôtissant, devant une collection de plats qui auraient pu suffire à un festin de famille.

Le même tapage se fit encore entendre dans la maison d’une façon si bizarre qu’on pût le croire « partout et nulle part. »

— Voilà encore ! voilà encore ! Luther ! Lucy ! courez ! courez ! s’écria la Tante Sarah cramoisie de fureur ; je crois, sur mon âme, que la maison est hantée par les sorciers.

Aux exclamations de sa femme, le brigadier