Page:Aimard - Balle france, 1867.djvu/16

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Que de familles ont disparu !

— Mais… fit le jeune homme.

— Une autre considération à laquelle vous n’avez pas fait attention, reprit vivement John Bright, c’est que les Indiens, quel que soit le nombre de leurs ennemis, ne les abandonnent jamais sans avoir une fois au moins tenté de les surprendre.

— En effet, répondit William, cela m’étonne de leur part ; du reste, je me range de votre avis, mon père ; ces précautions que nous allons prendre ne serviraient-elles qu’à rassurer ma mère et ma sœur, qu’il serait bon de ne pas les négliger.

— Bien parlé, mon fils, dit l’émigrant ; mettons-nous à l’œuvre sans tarder. »

Le groupe se rompit, et les quatre hommes, jetant leur fusil sur l’épaule, s’occupèrent activement des préparatifs du campement.

Sem réunit les bestiaux au moyen des chiens, et les conduisit boire au fleuve.

Pendant ce temps John s’était approché de la charrette.

« Eh bien ! mon ami, lui demanda sa femme, pourquoi cette halte et cette longue discussion ? Se passerait-il quelque chose de nouveau ?

— Rien absolument qui doive vous effrayer, Lucy, répondit l’émigrant ; nous allons camper, voilà tout.

— Ah ! mon Dieu ! je ne sais pourquoi, mais je craignais qu’il ne fût arrivé quelque malheur.

— Au contraire, nous sommes plus tranquilles que nous ne l’avons été depuis longtemps.

— Comment cela, père ? demanda Diana en sortant son charmant visage de dessous l’abri en toile au fond duquel elle était blottie.

— Ces vilains Indiens qui vous effrayaient tant, Diana, ma chère, se sont enfin déterminés à nous quitter ; nous n’en avons pas vu un seul pendant tout le cours de la journée.

— Ah ! tant mieux ! s’écria vivement la jeune fille en frappant avec joie ses mains mignonnes l’une contre l’autre. J’avoue que je ne suis pas brave, et que ces affreux hommes rouges me causaient des frayeurs terribles.

— Eh bien ! vous ne les verrez plus, je l’espère,