Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/108

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rend le courage et dissipe les nuages amoncelés à l’horizon, pour leur faire subitement entrevoir un avenir pur et exempt de soucis.

Les colons commencèrent à se fractionner en groupes de trois ou quatre individus, où s’agita vivement la question de savoir quel chef on choisirait.

Pendant ce temps, de Laville, indifférent en apparence à ce qui se passait, était rentré dans l’intérieur des bâtiments, laissant à ses compagnons liberté pleine et entière d’agir à leur guise.

Nous ferons observer que le conseil donné par le jeune homme était désintéressé de sa part ; il n’avait aucunement l’intention de prendre sur lui la lourde responsabilité du commandement dont il se souciait fort peu ; son but, en engageant les Français à élire un chef, avait été d’empêcher la ruine de la colonie, fondée à peine depuis une année, qui, grâce à des efforts et des travaux bien entendus, commençait à donner de bons résultats, et qui, si les colons ne se dispersaient pas, entrerait bientôt, selon toutes probabilités, dans une ère de prospérité et à les indemniser au centuple de leurs peines et de leurs fatigues.

La discussion fut assez longue entre les colons ; dans tous les groupes des orateurs péroraient avec feu ; bref, on semblait ne pouvoir pas s’entendre.

Cependant, peu à peu l’effervescence se calma, les groupes se rapprochèrent, et sous l’influence de quelques hommes plus intelligents ou mieux disposés que les autres, la discussion prit une marche plus régulière et surtout plus sérieuse.

Enfin, après bien des pourparlers, les colons tombèrent d’accord et chargèrent un des leurs de faire