Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/109

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connaître à Charles de Laville le résultat de la délibération.

L’individu choisi par ses camarades entra dans la maison pendant que les colons se rangeaient dans un certain ordre devant la porte.

Charles, comme nous l’avons dit, ne s’occupait nullement de ce qui se passait au dehors ; la mort du comte de Lhorailles, auquel, malgré le caractère excentrique de celui-ci, il s’était réellement attaché, l’avait non-seulement attristé, mais encore avait brisé les seuls liens qui le retenaient sur ce coin de terre ignoré, où il croyait qu’il n’y avait plus rien à faire pour lui ; il n’attendait donc que l’élection du nouveau chef pour adresser ses adieux aux membres de la compagnie et se séparer d’eux ensuite.

Lorsque l’homme délégué par les colons entra dans la chambre où il se trouvait, il leva la tête, et après l’avoir interrogé du regard :

— Eh bien, lui demanda-t-il, avons-nous enfin un nouveau chef ?

— Oui, répondit laconiquement l’autre,

— Quel est-il ? fit curieusement le jeune homme.

— Nos compagnons vous le diront, monsieur Charles, répondit-il ; ils m’ont chargé de vous prier de vouloir bien assister à l’élection et la sanctionner par votre présence.

— C’est juste, fit-il en souriant, j’oublie que, jusqu’à présent, c’est moi qui étais votre chef, et que je dois remettre à celui que vous avez choisi le pouvoir que le comte m’avait délégué. Je vous suis.

L’autre s’inclina sans répondre, et tous deux sortirent de la maison.

Lorsqu’ils parurent au bas du perron qui donnait