Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/129

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À ce mouvement brusque, doña Angela abaissa ses mains et regarda don Luis avec une si douce expression de douleur résignée et d’amour vrai, que le comte sentit un frémissement de bonheur parcourir tout son corps ; épuisé, vaincu, il tomba à ses genoux en murmurant d’une voix haletante et entrecoupée :

— Oh ! je t’aime ! je t’aime !

La jeune fille se releva à demi sur le fauteuil, pencha vers lui la tête, et le considéra assez longtemps d’un air rêveur.

Soudain elle se laissa, éperdue, aller dans ses bras, cacha sa tête sur son épaule, et éclata en sanglots.

Le comte, inquiet de cette douleur dont il lui était impossible de découvrir la cause, replaça doucement la jeune fille sur le fauteuil, s’assit auprès d’elle, et s’emparant de sa main qu’il conserva entre les siennes :

— Pourquoi ces larmes ? lui demanda-t-il avec tendresse, d’où provient cette douleur qui vous accable ?

— Non, je ne pleure plus, voyez, répondit-elle en essayant de sourire à travers ses larmes.

— Enfant, vous me cachez quelque chose, vous avez un secret ?

— Un secret ! celui de mon amour ; ne vous ai-je pas dit que je vous aime, Louis ?

— Hélas ! moi aussi je vous aime, reprit-il avec tristesse, et pourtant je ne puis songer sans crainte à cet amour.

— Pourquoi, si vous m’aimez ?

— Si je vous aime ! enfant ; pour vous, pour votre amour, je sacrifierais tout.

— Eh bien ? fit-elle.