ajouta-t-il en souriant, ce sera une lutte entre nous ; nous serons deux à l’aimer.
Le comte, les yeux pleins de larmes, mais ne trouvant pas de mots pour exprimer ce qu’il éprouvait, tendit ses mains à ces deux êtres si bons et si dévoués, avec un mouvement qui venait du cœur :
— Maintenant, dit gaîment Valentin pour changer la conversation, parlons d’affaires.
— D’affaires ?
— Pardieu ! fit en riant le chasseur, il me semble que pour le moment celles que nous avons sur les bras sont assez importantes pour que nous nous en occupions un peu.
— C’est juste, répondit Louis ; mais est-il bien convenable devant madame…
— C’est vrai ! je n’y songeais ma foi pas. J’ai si peu l’habitude du monde ; madame me pardonnera.
— Permettez, messieurs, fit-elle avec un fin sourire ; une femme est souvent une bonne conseillère, et dans les circonstances actuelles, je crois pouvoir vous être d’une certaine utilité.
— Je n’en doute pas, fit poliment le chasseur, mais…
— Mais vous n’en croyez pas un mot, interrompit-elle en riant, son caractère mutin reprenant le dessus, du reste, vous allez en juger.
— Nous écoutons, dit le comte.
— Mon père fait en ce moment de grands préparatifs ; son but est de vous écraser avant que vous ne soyez en mesure d’entrer en campagne. Tous les Indios mansos — Indiens soumis — en état de porter les armes sont convoqués ; une levée extraordinaire de troupes est ordonnée sur toute la Sonora.