Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/138

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d’une manière étrange avec l’arrivée du comte et l’affermissait encore dans cette pensée ; car il supposait, avec quelque apparence de vérité, que le colonel était chargé de lui enjoindre de ne pas recevoir le proscrit, ou, s’il le recevait à la colonie, de le livrer aux autorités mexicaines.

Craignant de commettre quelque erreur préjudiciable au comte, il avait brusquement laissé le colonel seul afin de venir se concerter avec son compatriote, que dès le premier moment il était résolu, non-seulement à ne pas livrer, mais encore à ne pas abandonner s’il se réclamait de lui.

Le lecteur voit que, bien que l’hypothèse du capitaine de Laville fût fausse, cependant, par bien des points, elle touchait à la vérité.

Don Luis et Valentin, assis sur des butaccas, fumaient et causaient entre eux en buvant à petites gorgées pour se rafraîchir, une décoction de tamarindos placée devant eux sur une table, lorsque la porte s’ouvrit et le capitaine parut.

Les trois hommes se saluèrent et se tendirent affectueusement la main ; puis, après les premiers compliments, de Laville, leur faisant signe de reprendre leurs places, entama la conversation :

— Quel bon vent vous amène à Guetzalli, monsieur le comte ? dit-il.

— Hum ! répondit celui-ci, si vous disiez quel cordonnazo, vous seriez plus dans le vrai, cher monsieur de Laville, car jamais plus effroyable bourrasque ne m’a assailli que celle qui me menace en ce moment.

— Oh ! oh ! contez-moi donc cela. Je n’ai pas be-