Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/153

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Le capitaine frappa sur un timbre. Un peon entra.

— Ce soir, à l’oracion, après la fin des travaux, les colons se réuniront dans le patio, pour écouter une communication importante que j’ai à leur faire, dit-il.

Le domestique s’inclina.

— Faites-nous servir, ajouta le capitaine ; puis s’adressant à ses hôtes : Vous dînez, n’est-ce pas ? D’autant plus qu’il ne vous sera pas possible de repartir avant demain.

— En effet ; seulement nous comptons nous éloigner avant le lever du soleil.

— Où êtes-vous campé ?

— À la Mission de Nuestra-Señora-de-los-Angelos.

— C’est à deux pas.

— Oh ! une trentaine de lieues tout au plus.

— Oui, et la position est des plus fortes ; vous ne comptez plus y faire un long séjour ?

— Non je veux frapper un grand coup.

— Vous avez raison, il faut vous faire précéder de la terreur de votre nom.

En ce moment des peones apportèrent une table servie pour trois personnes.

— À table, messieurs, dit le capitaine.

Le repas était ce qu’il devait être sur cette extrême frontière c’est-à-dire excessivement frugal. Il ne se composait que de venaison, de tortillas, de maïs, de haricots rouges, de piment, le tout arrosé de pulque, de mezcal et de refino de Catalogne, l’eau-de-vie la plus forte qui existe.

Les convives avaient un véritable appétit de chasseurs, c’est-à-dire qu’ils mourraient à peu près de