Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/154

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faim, car depuis près de trente heures le comte et Valentin n’avaient rien pris ; aussi attaquèrent-ils vigoureusement les vivres placés devant eux.

Les peones s’étaient retirés immédiatement après avoir apporté la table, afin de laisser aux convives toute liberté de causer. Aussi, dès que le premier appétit fut calmé, la conversation reprit juste au point où elle avait été laissée ce qui arrive toujours entre hommes dont l’esprit est sérieusement préoccupé de quelque projet difficile.

— Ainsi, demanda le capitaine, la guerre est décidément déclarée entre vous et le gouvernement mexicain ?

— Sans remède.

— Bien que la cause que vous soutenez soit juste, puisque vous combattez pour le maintient d’un droit, cependant vous inscrivez quelque chose sur le drapeau que vous déployez.

— Certes ! j’inscris la seule chose qui puisse me garantir la protection des populations que je traverserai et faire accourir près de moi les opprimés et les mécontents.

— Hum ! qu’écrivez-vous donc ?

— Quatre mots seulement.

— Qui sont ?

Independencia de la Sonora.

— Oui, l’idée est heureuse ; s’il reste un peu de noblesse et de générosité dans le cœur des habitants de cette malheureuse province, ce dont, je dois vous l’avouer, je doute fort, ces quatre mots suffiront pour faire une révolution.

— Je l’espère sans oser y compter ; vous connaissez comme moi le caractère mexicain, composé