Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/165

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ficile, fait preuve d’une grande prudence et surtout d’une grande perspicacité.

Don Cornelio, à ce compliment à brûle pourpoint, rougit comme une jeune fille et baissa modestement les yeux.

— Que comptes-tu faire ? demanda Valentin au comte.

— Laisser doña Angela maîtresse de sa volonté. Allez la prévenir de mon retour, mon cher don Cornelio ; vous introduirez en même temps son père et le missionnaire auprès d’elle. Allez, je vous suis.

L’Espagnol sortit aussitôt pour accomplir l’ordre qu’il avait reçu.

— Quand comptes-tu te mettre en route ? dit Valentin, dès qu’il se trouva seul avec le comte.

— Sous deux jours.

— Tu te diriges ?

— Sur la Magdalena.

— Bien ! Maintenant, je te demande la permission de m’éloigner en compagnie de Curumilla ?

— Comment ! tu veux me quitter ? s’écria le comte avec regret.

Le chasseur sourit.

— Tu ne me comprends pas, frère, répondit-il ; le chef indien et moi, nous sommes à peu près inutiles ici. À quoi pouvons-nous servir ? À rien ; au lieu que nous ferons, j’en suis convaincu, d’excellents batteurs d’estrade. Laisse-nous le soin d’éclairer la route en même temps que nous essayerons de détruire ou du moins d’amoindrir les préventions que les calomnies répandues à flots sur votre compte ont fait naître contre tout ce qui est français.

— Je n’osais te demander de me rendre ce service ; mais, puisque tu t’offres aussi franchement, je