Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/171

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— Êtes-vous réellement décidée à n’obéir ni aux ordres ni aux prières de votre père ?

— Oui, fit-elle encore.

— Ainsi, vous renoncez sans retour possible à votre rang dans le monde et à votre fortune ?

— Oui.

— Vous renoncez de même à la protection de votre père, qui est votre tuteur naturel et qui a sur vous tous droits divins et humains, vous renoncez à sa tendresse ?

— Oui, murmura-t-elle faiblement.

— C’est bien, à mon tour. Et s’inclinant devant le général, il continua : Monsieur, quelle que soit la haine qui nous divise, quoi qu’il arrive plus tard, l’honneur de votre fille doit demeurer pur et sans tache.

— Pour qu’il en fût ainsi, répondit amèrement le général, il faudrait que quelqu’un consentît à l’épouser.

— Oui. Eh bien, moi, comte de Prébois-Crancé, j’ai l’honneur de vous demander sa main.

Le général recula avec étonnement.

— M’adressez-vous sérieusement cette demande ? dit-il.

— Oui.

— Réfléchissez que, tout en vous sachant gré de me la faire, je la considère cependant comme un nouveau grief.

— Soit.

— Que ce mariage n’arrêtera en rien les mesures que je compte prendre contre vous ?

— Peu m’importe.