Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/187

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alliés occultes, mais puissants, qui n’attendaient qu’une occasion pour se déclarer.

Cette terreur était soigneusement entretenue par les espions et les batteurs d’estrade du comte ; l’audace de ses mouvements, la décision avec laquelle il agissait, et en dernier lieu l’occupation sans coup férir de la Magdalena étaient venues mettre le comble aux appréhensions du gouvernement, et augmenter son indécision sur les intentions du chef, ou, comme ils l’appelaient, du cabecilla.

Il était à peu près cinq heures du matin, lorsque le rideau qui fermait la tente du comte, fut soulevé du dehors, et un homme entra.

Don Luis, réveillé en sursaut par cette apparition subite, se frotta les yeux et se dressa un pistolet de chaque main, en disant d’une voix ferme :

— Qui est là ?

— Moi, pardieu ! répondit l’arrivant ; qui oserait entrer ainsi, excepté moi ?

— Valentin ! s’écria le comte avec un cri de joie, en jetant ses pistolets. Sois le bienvenu, frère ; je t’attendais avec impatience.

— Merci, répondit le chasseur. Curumilla ne t’a-t-il pas annoncé, cette nuit, mon retour ?

— Oui, fit en riant le comte ; avec cela qu’il est facile de causer avec le chef.

— C’est juste. Eh bien, les renseignements qu’il a oublié de te donner, moi je te les apporte, et peut-être cela vaudra-t-il mieux.

Le comte s’était habillé, c’est-à-dire qu’il avait remis son habit et son zarapé, car il s’était jeté tout vêtu sur sa couche.

— Prends un équipal, dit-il, et causons.