Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/192

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au gentilhomme qui répondit avec son imperturbable sang-froid :

— Plaise à Votre Majesté, Sire, ils tirent toujours, et de plus en plus, des pétards.

Cette fois, le roi n’y put tenir, et il éclata d’un fou rire : chose d’autant plus extraordinaire, que ce prince n’a jamais été renommé pour son caractère jovial.

Les Mexicains ont trois passions mignonnes : jouer le monté, assister aux combats de coqs et tirer des pétards. Nous croyons que la troisième est la plus enracinée chez eux ; la quantité de poudre qui au Mexique se brûle en pétards est incalculable.

Donc on tirait des pétards dans toutes les rues et sur toutes les places de la Magdalena ; à chaque pas il en partait sous les pieds de nos deux personnages qui, aguerris de longue main aux coutumes mexicaines, n’attachaient pas la moindre importance à ces feux d’artifice, et continuaient imperturbablement leur route, se frayant, comme ils le pouvaient, un passage à travers la route bigarrée composée d’Indiens, de métis, de nègres, de zambos, d’Espagnols, de Mexicains et d’Américains du Nord, qui fourmillaient et grouillaient autour d’eux.

Enfin, arrivés devant une ruelle située environ à la moitié de la calle San-Pedro, ils s’y engagèrent.

— Ah çà ! dit Louis, c’est donc réellement à un combat de coqs que nous allons assister ?

— Certainement, répondit en souriant Valentin ; laisse-moi faire, je t’ai dit que cela t’intéresserait.

— Allons donc alors, reprit le comte en haussant insoucieusement les épaules ; le diable soit de toi avec tes idées saugrenues.