Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/191

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traversèrent sans rencontrer personne, et ils se trouvèrent de nouveau dans la rue.

Mais pendant les quelques instants qu’ils étaient demeurés dans la maison, l’aspect du pueblo avait complétement changé. Maintenant les rues étaient encombrées de monde qui allait et venait, à chaque pas des enfants ou des leperos tiraient des boîtes et des pétards avec force cris de joie et éclats de rire.

Dans toute l’Amérique espagnole et surtout au Mexique, il n’y a pas de fête un peu convenable sans pétards et sans artifices ; tirer des pétards est être à l’apogée de la joie. Nous nous rappelons à ce sujet une anecdote assez caractéristique.

Quelque temps après que les Espagnols eurent été définitivement chassés du Mexique, le roi Ferdinand demanda un matin à un riche Mexicain réfugié à la cour d’Espagne :

— Que croyez-vous que fassent en ce moment vos compatriotes, señor don Luis de Cerda ?

— Sire, répondit gravement le Mexicain en s’inclinant devant le roi, ils tirent des pétards.

— Ah ! fit le roi, et il passa.

Quelques heures plus tard, le roi accosta de nouveau le gentilhomme ; il était deux heures de l’après-midi.

— Et maintenant, lui demanda-t-il gaîment, à quoi s’occupent-ils ?

— Sire, répondit le Mexicain non moins gravement que la première fois, ils continuent à tirer des pétards.

Le roi sourit, mais ne répliqua pas. Le soir venu, cependant, il adressa de nouveau la même question