Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/212

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ennemis et d’arrêter le flot immense de calomnies qu’ils répandent sur vous et sur elle : malheureusement votre conduite semble leur donner raison.

— Mais que faire ? quel moyen employer ?

— Il en est un.

— Parlez, mon père.

— Voilà ce que je vous propose ; vous devez épouser mademoiselle ?

— Certes, vous savez que c’est mon désir le plus cher.

— Laissez-moi achever ; ce n’est pas ici que doit se célébrer ce mariage ; cette cérémonie accomplie au milieu d’un camp d’aventuriers, sans bruit, presque sans témoins, semblerait dérisoire.

— Mais…

— C’est dans une ville, aux yeux de la population entière ; en plein soleil, au bruit des cloches et des mousquetons qui, traversant les airs, diront à tous que le mariage est bien sérieusement accompli.

— Oui, observa Valentin, le père Séraphin a raison, car alors doña Angola n’épousera plus un misérable pirate, mais un conquérant avec lequel il faudra compter. Elle ne sera plus la femme d’un aventurier, mais celle du libérateur de la Sonora, ceux qui aujourd’hui le blâment le plus seront les premiers à célébrer ses louanges.

— Oui, oui, c’est vrai, s’écria avec feu la jeune fille ; je vous remercie, mon père, d’être venu ; mon devoir est tracée je l’accomplirai. Qui osera attaquer la réputation de celle qui aura épousé le sauveur de son pays ?

— Mais, reprit le comte, ce moyen n’est qu’un palliatif. Ce mariage ne peut encore avoir lieu ; quinze