Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/213

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jours, un mois peut-être, s’écouleront avant que je ne me sois rendu maître d’une ville. D’ici là, il faudra que doña Angela reste dans mon camp, ainsi qu’elle y est restée jusqu’à présent.

Tous les regards se tournèrent avec anxiété vers le missionnaire.

— Non, dit-il, si mademoiselle veut me permettre de lui offrir un abri.

— Un abri ? fit-elle avec un coup d’œil interrogateur.

— Bien simple et bien indigne de la recevoir sans doute, reprit-il, mais où du moins elle sera en sûreté, au milieu d’une famille de gens honorables et bons, pour lesquels ce sera un bonheur de la recevoir.

— Cet abri que vous m’offrez, mon père, est-il bien loin d’ici ? demanda vivement la jeune fille.

— À vingt-cinq lieues au plus dans la direction que doit suivre l’expédition française pour s’enfoncer dans la Sonora.

Doña Angela sourit finement d’avoir été aussi bien comprise par le bon prêtre.

— Écoutez, mon père, dit-elle avec cette résolution qui était un des principaux traits de son caractère ; depuis longtemps déjà votre réputation est venue jusqu’à moi, je sais que vous êtes un saint homme. Quand même je ne vous connaîtrais pas, l’amitié et le respect que don Valentin professe pour vous me seraient une garantie suffisante ; je me fie à vous ; je comprends combien est déplacée, quant à présent, ma présence au milieu du camp ; disposez donc de moi, je suis prête à vous suivre.

— Mon enfant, répondit le missionnaire avec une