Don Ramon, le père de don Rafaël, et doña Luz, cette charmante femme dont nous avons raconté l’histoire touchante dans un précédent ouvrage[1], attendaient, entourés de leurs serviteurs, l’arrivée des Français à la porte même de l’hacienda.
— Soyez le bienvenu, vous qui combattez pour l’indépendance de la Sonora, dit le général don Ramon en tendant la main au comte.
Celui-ci sauta à bas de son cheval.
— Dieu veuille que je sois aussi heureux que vous l’avez été, général ! répondit-il en s’inclinant.
Se tournant alors vers doña Luz :
— Excusez-moi, madame, lui dit-il, de venir troubler votre paisible retraite ; votre mari est seul coupable de l’indiscrétion que je commets en ce moment.
— Señor conde, répondit-elle en souriant, ne vous disculpez pas ainsi ; cette maison et tout ce qu’elle renferme vous appartient. Nous vous voyons arriver avec joie, nous vous verrons partir avec tristesse.
Le comte offrit son bras à doña Luz et ils entrèrent dans l’hacienda ; mais le comte était inquiet, son regard errait sans cesse autour de lui.
— Patience ! lui dit don Rafaël avec un regard significatif ; vous allez la voir ; il eût été imprudent qu’elle parût plus tôt en votre présence, nous l’en avons empêchée.
— Merci, dit le comte ; et le nuage qui obscurcissait sa noble physionomie disparut aussitôt.
L’entrevue des deux amants fut ce qu’elle devait
- ↑ Voir les Trappeurs de l’Arkansas, 1 vol. Amyot, éditeur, 8, rue de la Paix.