Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/257

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— Trois mille hommes environ.

— C’est mieux.

— Le général Guerrero, qui s’est enfin aperçu qu’il s’était laissé tourner, s’est jeté dans la place avec six mille Indiens, et il attend d’autres renforts.

— Voilà pourquoi, mon ami, il faut que j’attaque tout de suite. J’ai déjà, d’après votre calcul, en face de moi, environ onze mille hommes retranchés derrière de bonnes murailles ; plus j’attendrai, plus leur nombre croîtra, et si je n’y prends, garde, ajouta-t-il en riant, cette année finira par devenir tellement considérable qu’il me sera impossible de la détruire.

— Vous ignorez peut-être, mon ami, qu’Hermosillo est entouré de jardins maraîchers qui en rendent les approches presque impraticables ?

— Mais, mon ami, répondit négligemment le comte, j’entrerai par les portes, croyez-le bien.

Les assistants considéraient le comte avec un étonnement tenant de l’épouvante. Ils s’interrogeaient du regard et semblaient se demander s’ils n’avaient pas affaire à un fou.

— Pardon, mon ami, reprit don Rafaël, vous avez, dites-vous, l’intention d’attaquer demain, n’est-ce pas ?

— Certes.

— Mais si vos troupes ne sont pas arrivées ?

— Comment ! si mes troupes ne sont pas arrivées ; ne les avez-vous donc pas vues, il y a une heure, défiler devant l’hacienda ?

— Oui, j’ai vu passer un détachement peu nombreux, votre avant-garde sans doute.

— Mon avant-garde ! s’écria le comte en riant ;