Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/259

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tie, détruite et dispersée comme les feuilles qu’emporte le vent d’automne ; lorsque vous aurez assisté à la prise d’Hermosillo, vous saurez ce que c’est que la furia francese, et vous comprendrez les prodiges de valeur sans nombre que l’histoire a enregistrés et que les Français accomplissent presqu’en se jouant.

La conversation se termina là, et on passa dans la salle à manger, où tout était préparé pour prendre les rafraîchissements dont le comte avait un si grand besoin.

Aussitôt qu’on se leva de table, le comte demanda à se retirer dans l’appartement préparé pour lui et il pria le père Séraphin de le suivre.

Tous deux demeurèrent longtemps enfermés, causant oreille à oreille.

Lorsque le missionnaire sortit, ses yeux étaient rouges, des traces de larmes sillonnaient ses joues pâlies.

Le comte lui serra la main.

— Ainsi, lui dit-il, en cas de malheur…

— Je serai là, comte, fiez-vous à moi, et il s’éloigna à pas lents.

Le soir et même fort avant dans la nuit le comte écouta les rapports des batteurs d’estrade et des espions ; les nouvelles qu’ils apportaient coïncidaient dans toutes leurs parties avec les renseignements donnés par don Rafaël.

Le général Guerrero était accouru à Hermosillo, où il s’était solidement retranché.

Valentin et Curumilla arrivèrent les derniers ; ils n’étaient pas porteurs de mauvaises nouvelles.

Valentin, à la tête d’un parti de fourrageurs, s’était, d’après les conseils de Gurumilla, avancé