Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/276

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troupes sur l’Alaméda, dont il garnit les avenues de pièces de canon chargées à mitraille.

Malgré les pertes immenses qu’ils avaient éprouvées, les Mexicains étaient encore plus de six cents combattants, résolus à se défendre jusqu’à la mort.

Le comte expédia don Cornelio au capitaine de Laville, avec ordre de charger et de sabrer les derniers défenseurs de la cité, tandis que lui exécuterait un mouvement tournant avec l’infanterie et la cavalerie.

Le capitaine partit immédiatement au galop, renversant, du poitrail de son cheval, tous les obstacles. Sa course fut tellement précipitée qu’il arriva seul devant l’ennemi.

Les Mexicains, terrifiés de l’audace inouïe de cet homme, eurent un moment d’hésitation ; mais, sur l’ordre réitéré de leurs chefs, ils ouvrirent leur feu contre de Laville qui semblait les narguer, et les balles commencèrent à siffler dru comme grêle aux oreilles de l’intrépide Français, qui demeurait calme et immobile au milieu de cette fournaise.

Valentin, effrayé de l’audace du capitaine, redoubla de vitesse et arriva près de lui avec toute la cavalerie.

— Corbleu ! de Laville, s’écria-t-il avec admiration, que faites-vous donc là ?

— Vous le voyez, ami, répondit celui-ci avec une simplicité charmante, je vous attends[1] !

Électrisés par ces nobles paroles, les Français s’élancèrent sur l’Alameda et poussèrent une charge à fond, aux cris mille fois répétés de vive la France ! cri auquel l’infanterie du comte répondit, de l’autre

  1. Historique. Gustave Aimard.