Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/277

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côté de l’Alameda, en se précipitant à la baïonnette sur les Mexicains.

Il y eut quelques minutes d’une lutte suprême, d’un carnage horrible.

Le comte, au plus fort de la mêlée, combattait comme le dernier de ses soldats, les excitant sans cesse, et poussant toujours en avant ; enfin, malgré leur résistance désespérée, les Mexicains, impitoyablement sabrés par les Français, ne pouvant réussir à organiser une défense efficace, terrifiés de l’ardeur et du courage invincibles de ces adversaires, qu’ils prenaient pour des démons, commencèrent à se débander et à fuir dans toutes les directions.

Malgré la fatigue des chevaux, de Laville se mit à leur poursuite avec la cavalerie.

Hermosillo était pris, le comte de Prébois-Crancé était vainqueur.

Alors, s’arrêtant au milieu des monceaux de cadavres qui l’entouraient, il tira froidement sa montre et la consulta.

Il était onze heures.

Ainsi que le comte l’avait annoncé le matin aux parlementaires, à onze heures justes, il s’était rendu maître de la ville.

La bataille avait duré une heure.

— Maintenant, frères, dit le comte en remettant son sabre au fourreau, la ville est à nous ! Assez de sang a été versé, songeons à secourir les blessés. Vive la France !

— Vive la France ! s’écrièrent les aventuriers avec une joie délirante.