Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/282

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inutile, car les habitants paraissaient aussi joyeux que les Français ; les rues étaient pavoisées, et partout on entendait les cris de : Vive la France ! vive la Sonora ! répétés avec une expression d’enthousiasme indicible.

Lorsque le comte se fut acquitté de ces devoirs impérieux, son esprit n’étant plus surexcité par la nécessité du moment, la nature un instant vaincue reprit le dessus avec une force de réaction extrême, et don Luis s’affaissa presque évanoui dans le fauteuil sur lequel, depuis huit heures, il travaillait sans relâche.

Il demeura ainsi sans secours, jusque vers une heure assez avancée de la nuit, n’ayant pas la force de faire un mouvement pour appeler.

Enfin le capitaine de Laville entra : il venait rendre compte à son chef des résultats de la poursuite contre les Mexicains. Il fut effrayé de l’état dans lequel il vit don Luis.

Le comte était en proie à une fièvre violente mêlée de délire. Le capitaine appela immédiatement le chirurgien de la compagnie, et le comte fut installé dans un lit fait à la hâte.

Le chirurgien ne se trouva pas ; ce fut un médecin mexicain qui arriva à sa place.

Cet homme déclara que le comte était atteint d’une dyssenterie, et il lui fit boire une potion qu’il prépara séance tenante.

Le comte tomba dans une espèce de sommeil léthargique qui dura près de dix heures.

Heureusement, le chirurgien de la compagnie accourut enfin. Après avoir jeté un coup d’œil sur le comte et avoir examiné les quelques gouttes de potion demeurées dans le verre, le docteur fit immé-