Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diatement administrer au comte des œufs battus dans du lait et ordonna des frictions sur tous les membres avec des serviettes chaudes.

— Mais, docteur, lui fit observer le capitaine, quel traitement faites-vous donc suivre au comte ? le médecin a assuré qu’il avait la dyssenterie.

Le docteur sourit tristement.

— Oui, dit-il, il a la dyssenterie ; mais savez-vous ce que lui a donné le médecin ?

— Non.

— De la belladone, c’est-à-dire du poison.

— Oh ! fit le capitaine avec horreur.

— Silence ! reprit le chirurgien ; que ce secret demeure entre nous deux.

En ce moment, le médecin entra. C’était un petit homme replet, à la mine de chat effarouché.

Le capitaine le saisit au collet et l’attira dans un coin de la chambre.

— Voyez, lui dit-il, en lui montrait le verre que le chirurgien tenait encore à la main… De quoi était composée la potion que vous avez donnée au comte ?

Le Mexicain pâlit.

— Mais… balbutia-t-il.

— Du poison, misérable ! reprit le capitaine avec violence.

— Du poison ? s’écria-t-il en levant les bras et les yeux au ciel, il serait possible ! Oh ! mon Dieu ! voyons donc.

Il examina le verre avec une feinte attention.

— C’est vrai, reprit-il au bout d’un instant, quelle inadvertance ! per dios !

Le mot parut si précieux aux deux Français que, malgré leur colère et leur inquiétude, ils ne purent