Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/29

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— Songez aux conséquences d’une telle démarche.

— Je ne songe à rien. Je vous avertis que si vous refusez plus longtemps d’exécuter votre promesse envers moi, j’irai seule trouver le conde.

Le chasseur la considéra un instant avec une expression singulière ; il secoua tristement la tête, et lui prenant et lui serrant affectueusement la main :

— Que vôtre volonté soit faite, répondit-il doucement, nul ne peut changer son destin ; venez donc, puisque vous l’exigez ; Dieu veuille que votre obstination ne cause pas de grands malheurs !

— Vous êtes un oiseau de mauvais augure, dit-elle en riant ; partons ! partons ! Vous verrez que tout cela finira beaucoup mieux que vous ne l’espérez.

— J’y consens ; seulement confiez-vous à moi et laissez ici votre escorte.

— Je ne demande pas mieux ; je n’emmènerai que Violanta.

— Comme il vous plaira.

Sur un signe de sa maîtresse, la camérista s’approcha des peones, toujours immobiles, et leur intima l’ordre de ne quitter sous aucun prétexte la clairière avant son retour.

Alors, guidées par Valentin, les deux femmes se dirigèrent vers le campement des flibustiers ; Curumilla formait l’arrière-garde.

Arrivés à une centaine de mètres au plus, Valentin s’arrêta.

— Qu’avez-vous ? lui demanda doña Angela.

— J’hésite à troubler le repos de mon ami ;