Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/296

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— Que faire ? murmura machinalement don Rafaël.

Il y eut un instant de silence ; chacun songeait au moyen à employer pour neutraliser l’effet de cette trahison.

Curumilla et la Tête-d’Aigle se levèrent et se préparèrent à sortir de la salle.

— Où allez-vous ? leur demanda Valentin.

— Pendant que leurs frères délibèrent, répondit l’Araucan, les chefs indiens iront à la découverte.

— Vous ayez raison, chef ; allez, allez, dit le chasseur. Je ne sais pourquoi, ajouta-t-il avec tristesse, mais j’ai le pressentiment d’un malheur.

Les deux Indiens sortirent.

— Connaissez-vous le contenu de la lettre que m’adressait le comte ? demanda don Rafaël au bout d’un instant

— Ma foi, non ; mais il est probable qu’il vous faisait part de sa victoire et qu’il vous priait d’amener doña Angela à Hermosillo. Dans tous les cas, cette missive était assez compromettante.

— Quant à cela, je m’en inquiète peu ; le général Guerrero y regardera à deux fois avant que de s’attaquer à moi.

— À quoi bon délibérer si longtemps et perdre inutilement un temps précieux ? Nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de nous rendre à Hermosillo et d’y conduire doña Angela, dit Belhumeur.

— En effet, c’est le plus simple, appuya Valentin.

— Oui, fit don Rafaël, le comte ne pourra que nous savoir gré de cette démarche.

— Alors, mettons sans plus tarder ce projet à exécution, reprit Belhumeur ; pendant que l’Élan--