Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/295

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— Non, ce courrier était don Cornelio Mendoza, un gentilhomme espagnol que peut-être vous vous rappellerez.

— Certes ! un excellent compagnon, jovial, et pinçant continuellement de la vihuela.

— C’est cela même, dit Valentin d’un ton ironique ; eh bien, cet excellent compagnon jovial et qui pinçait continuellement de la vihuela, mon cher Cœur-Loyal, est tout simplement un traître qui vendait bel et bien nos secrets à l’ennemi.

— Oh ! Valentin, il faut être bien sûr pour porter une telle accusation contre un caballero !

— Malheureusement, reprit tristement le chasseur, le plus léger doute à cet égard n’est pas possible ; le comte a entre les mains toute sa correspondance avec le général Guerrero.

— Cuerpo de Cristo ! s’écria don Rafaël ; ceci est fort sérieux, savez-vous, mon ami ?

— Je suis tellement de votre avis que, malgré la fatigue qui m’accablait, j’ai prié ces messieurs de m’accompagner, et je suis venu à toute bride, espérant le surprendre en route et m’emparer de lui, d’autant plus qu’en sus de la lettre qu’il devait vous remettre, il en a d’autres fort compromettantes adressées à plusieurs personnes influentes de la province.

— Voilà une fâcheuse affaire, dit le Cœur-Loyal d’un air pensif. Il est évident que le misérable, au lieu de se rendre ici, est allé tout droit livrer ses papiers au général.

— Cela ne fait malheureusement pas le moindre doute.