Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/298

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Mais un obstacle insurmontable se dressa devant eux. Au moment où ils allaient franchir la porte de l’hacienda, elle se trouva subitement encombrée par les bestiaux que les peones ramenaient en toute hâte des champs, probablement afin d’éviter qu’ils ne fussent enlevés par les maraudeurs.

Les pauvres bêtes se pressaient toutes à la porte, comme pour entrer à la fois, en poussant de lamentables mugissements, et piquées par derrière par les peones.

Il était inutile de songer à sortir avant que tout le ganado fût rentré ; l’obliger à rétrograder afin de débarrasser la porte, il n’y fallait pas songer. Aussi, bon gré, mal gré, les fugitifs furent-ils contraints d’attendre.

Valentin était comme fou de colère.

— Je le savais ! je le savais ! murmurait-il d’une voix étranglée, en serrant les poings avec rage.

Enfin, au bout de près d’une heure, car don Miguel possédait de nombreux troupeaux, la porte s’ouvrit :

— Allons, au nom du ciel ! s’écria Valentin.

— Il est trop tard, dit la Tête-d’Aigle en apparaissant tout à coup sur le seuil de la porte.

— Malédiction ! hurla le chasseur, et il se précipita en dehors.

Le chasseur jeta un regard autour de lui et poussa un cri de découragement.,

L’hacienda était complétement cernée par plus de cinq cents cavaliers mexicains, au milieu desquels on distinguait le général Guerrero.

— Oh ! le misérable traître ! s’écria le chasseur.

— Voyons, ne nous laissons pas abattre, dit le